Depuis huit ans, la Congolaise est le fer de lance de Sainte-Maure Troyes. Sans jamais tirer la couverture à elle.
Son choix de rester à Troyes
« Je suis arrivée au club de Sainte-Maure Troyes en 2010 après un passage à Cannes. Avant, je n’avais jamais quitté mon pays, le Congo. Je suis un peu venue au hand par hasard, je ne suis pas issue d’une famille de sportifs. Au cours des huit saisons passées à Troyes, j’ai eu quelques propositions de N1, D2, et même de D1. Mais l’offre de Toulon est tombée en milieu de saison. Ça m’a tenté, j’ai toujours eu l’envie de toucher le haut niveau. Mais, ç’aurait été compliqué de m’imposer en milieu de championnat, et je suis quelqu’un de fidèle. On peut vouloir de toi quelque part, mais tu ne sais jamais ce qui t’attend. Je me sens bien ici, je suis fière de ce que j’ai fait, et si le club m’a gardé, c’est que lui aussi y trouvait son compte. »
Son jeu
Si je vais beaucoup vers le but, c’est parce que je me donne toujours à fond, je ne sais pas gérer. Même à 34 ans, je ne fais jamais de calculs. Je ne sais pas si mon jeu est individualiste, j’accepte les reproches, ils permettent de se construire et d’avancer.
Son statut de buteuse
« Ça me fait rire quand je lis que je suis la meilleure buteuse. Car je suis capable de prendre des coups pour marquer, de faire marquer les autres aussi. Je n’attends pas qu’on travaille pour moi, même si le club s’est retrouvé parfois avec un effectif restreint et peu d’arrières. Du coup, je jouais 60 minutes, je touchais beaucoup de ballons, et à force de persévérer, parfois, ça passait. Jamais je ne me place dans la peau de la meilleure joueuse de l’équipe. Sinon, je ne me donnerais plus à fond. D’ailleurs, être la meilleure buteuse ne veut pas dire être la meilleure joueuse. Même si je marque beaucoup, que ça peut sembler facile en N2, il n’y a jamais rien de facile. Je ne joue pas un match pour finir meilleure buteuse.
Son statut de joueuse professionnelle
J’ai toujours été sous contrat pro depuis que je suis là. Désormais, je suis la seule à avoir ce statut dans l’effectif. Avant, j’avais un peu de pression par rapport à ça, aujourd’hui je connais la maison. Par contre, j’ai toujours l’envie de bien faire, et ça n’a rien à voir avec le fait que je suis professionnelle. Regardez l’investissement d’une fille comme Pemba (Parisel), elle fait plus que n’importe quelle pro ! Au fil des saisons, j’ai endossé le rôle de la grande sœur, ça n’a pas toujours été facile. Mais ça reste un plaisir d’encadrer et de conseiller les jeunes. Surtout que cette saison, elles sont investies et veulent progresser.
Le recrutement et la concurrence
Je suis quelqu’un qui aime gagner, et tu ne peux pas viser le haut niveau si tu n’as pas l’équipe armée pour cela. J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait pas y arriver avec un petit effectif, alors l’arrivée de recrues, et pas n’importe lesquelles, ça enlève un poids sur mes épaules. Cette concurrence nouvelle sur la ligne d’arrières doit nous pousser à travailler encore plus. Une place de titulaire, ça se mérite. Cette saison, on a un groupe complet, aucune fille ne sort vraiment du lot. Moi, ça me soulage, je peux sortir en cours de match pour souffler. Et ça amplifie ma motivation pour continuer à garder ma place. »
Sa vie à Troyes et au Congo
Je suis bien intégrée ici à Troyes. Mais vivre loin de ma famille a parfois été très, très difficile. Quand ça se passe moins bien, on a plus besoin de la présence de ses proches. J’ai eu des moments de doute, mais le sport aide beaucoup. Je suis chrétienne depuis toute petite, et les valeurs de la religion m’ont permis de comprendre le sens de la vie. Ça m’a aidé à traverser les périodes difficiles. Grâce à la foi, j’ai pu accepter certaines choses. Mon pays reste le Congo, j'y retourne une fois par an pour voir ma famille. J’aurais toujours envie de retourner au pays. J’ai disputé deux Coupes du monde avec la sélection, mais je ne porterai plus le maillot du Congo. La dernière fois, c’était en 2015. On m’a manqué de respect, on m’a rappelé, j’ai dit non.
À mon arrivée à Troyes, j’ai été bien entourée, c’était l’époque des Scheubel, Marage, Fallet, Marandon... C’était un peu ma deuxième famille. Il ne reste plus que Pemba (Parisel) de cette époque. J’ai appris à connaître l’entraîneur Carole (Martin). Je pensais que ça n’allait pas le faire entre nous, mais j’ai changé d’avis sur elle. Elle a mis de l’eau dans son vin, et quand j’ai traversé des problèmes plus personnels, elle m’a épaulé, je ne n’oublierai jamais. »
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